Conférence sur le réchauffement climatique


François a assisté hier à la conférence sur le réchauffement climatique. il nous fait un retour enrichissant :


Juste un petit mot pour vous dire que la conférence d'hier soir était vraiment très intéressante.
C'est une chance que Mr Michel Jarraud, secrétaire général de l'organisation météorologique mondiale soit venu s'exprimer à Annemasse, en voisin.

Voici quelques points pour résumer son propos

On devrait parler plus de changement climatique que de réchauffement. En effet, si l'augmentation de la température atmosphérique moyenne fait partie du changement, d'autres éléments arrivent en même temps

  • La fonte des glaces
  • La montée du niveau des mers
  • L'augmentation de la fréquence des épisodes climatiques extrêmes
  • L'acidification des océans
Il n'y a plus aucun doute quant au lien entre l'augmentation des niveaux des gaz à effet de serre et l'augmentation de la température. Les rares scientifiques qui prétendent le contraire ne sont pas des spécialistes du climat, et défendent souvent des intérêts particuliers. Il faisait notamment le parallèle avec les chercheurs qui récusaient autrefois le lien entre le tabac et, par exemple, le cancer du poumon, ou encore les personnes qui voient la terre comme plate.

Des incertitudes demeurent quand à la rapidité des phénomènes, et les rétroactions possibles. Néanmoins, il pointe que les critiques envers le GIEC ont beaucoup baissé, notamment depuis le rapport de 2014

Il n'y a pas de pause du réchauffement climatique depuis 15 ans. Au contraire, la dernière décennie est la plus chaude enregistrée. Les tenants d'un arrêt prennent pour référence l'année 1998, qui vit un phénomène El Nino exceptionnel (c'est de loin l'année la plus chaude du 20eme siècle). Ce record absolu a déjà été battu 3 fois au 21ème siècle, et le sera encore une 4eme cette année. 2014, une année sans phénomène El Nino, est actuellement l'année la plus chaude depuis le début des enregistrements, et on sait déjà que 2015 sera encore plus chaude, du fait du retour d'El Nino cet année.

Plus de la moitié du "budget" carbone a été utilisée depuis le début de la révolution industrielle (dont la plus grosse partie depuis 1960), mais il est encore possible de maintenir le réchauffement moyen en dessous de 2C, à condition de réduire les émissions totales net à partir de 2020

Si rien ne change par rapport à aujourd'hui, la trajectoire donne un réchauffement moyen de l'ordre de 5C pour 2100, c'est à dire une époque que nos jeunes enfants et petits enfants connaitront. Il faut savoir que si les émissions produites en France ont diminué, l'empreinte carbone de chacun a augmenté au cours des 20 dernières années du fait de l'importation des biens et services produits à l'étranger, et plus sur le territoire national.

Selon lui, le changement est beaucoup trop rapide pour que l'espèce humaine puisse simplement s'adapter (10 à 100 fois plus rapide que la sortie de la dernière glaciation). En outre, la population actuelle réduit aussi notre faculté d'adaptation par rapport à la dernière glaciation durant laquelle l'homme ne représentait qu'une toute petite espèce en nombre (il suffit de voir les difficultés actuelles des réfugiés, qu'en serait il si la moitié de la population du Bangladesh devait quitter ce pays ?). C'est pour cela qu'il faut tout faire pour rester sous 2C

Enfin, il a répondu à une question sur la géo-ingénierie, à savoir la possibilité pour l'homme de modifier artificiellement le climat. Si certaines propositions sont farfelues, d'autres sont bien réelles.
Néanmoins, dans l'état actuel des connaissances, elles risqueraient de poser des problèmes additionnels qu'on ne maitrise pas. Par exemple, injecter du SO2 dans la haute atmosphère permettrait d'imiter les volcans, et de créer un voile qui réduirait temporairement la température. Mais ce phénomène est limité dans le temps et devrait être renouvelé. Ensuite, le dioxyde de souffre produirait de l'acide sulfurique dans l'atmosphère. La géo-ingénierie poserait aussi des graves problèmes de gouvernance mondiale, avec des effets collatéraux. C'est donc pour lui une solution d'apprenti sorcier, éventuellement à étudier, mais sur laquelle on ne peut absolument pas compter.

Pour conclure, il se montre quand même optimiste dans la mesure où notre génération a encore les moyens d'éviter un désastre durant les 10 prochaines années. C'est à nous d'en tirer partie, et de faire suffisamment pression sur les dirigeants politiques et économiques.